Le gouvernement français autorise STC, société publique saoudienne, à acquérir 9,9 % de Telefónica et à nommer un administrateur après 15 mois d’attente

Le Conseil des ministres a donné son aval définitif à l’opérateur public saoudien STC pour l’acquisition de 9,9 % du capital de Telefónica, ainsi que pour la nomination d’un représentant au sein du conseil d’administration de la société espagnole.

Cette autorisation, très attendue, intervient après 15 mois de délibérations. STC avait initialement acquis 5 % des actions de Telefónica en septembre 2024, tout en engageant une procédure pour augmenter sa participation à 9,9 %. Bien que cette part ait été garantie grâce à des achats de produits dérivés, le feu vert officiel du gouvernement espagnol n’a été accordé que ce jeudi. Cette opération représente un investissement de 2,1 milliards d’euros pour le groupe saoudien.

STC, acteur majeur des télécommunications, est sous le contrôle du fonds souverain saoudien PIF, présidé directement par le prince héritier Mohamed ben Salmane.

Une annonce officielle et stratégique

Le ministre de l’Économie espagnol, Carlos Cuerpo, a confirmé la décision du Conseil des ministres : « Je peux effectivement annoncer que le gouvernement a autorisé aujourd’hui l’investissement de STC, principal opérateur saoudien, qui augmentera ainsi sa participation dans Telefónica à 9,9 %. » Il a souligné que cette autorisation résulte d’un examen approfondi mené par les autorités espagnoles. « Cet examen s’est conformé non seulement à la législation en vigueur, mais également à l’importance stratégique de protéger les intérêts nationaux, notamment en matière de défense », a-t-il ajouté.

Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, qui entretient de bonnes relations avec les dirigeants saoudiens, a soutenu cette opération. Il a par ailleurs profité de cette opportunité pour renforcer le rôle de la Société d’État de Participation Industrielle (SEPI). Cette dernière a acquis à son tour 10 % de Telefónica, investissant 2,3 milliards d’euros de fonds publics, et a désigné Carlos Ocaña, un proche du président, comme administrateur.

Un contexte économique et stratégique

Cette annonce intervient alors que le Congrès des dirigeants d’entreprises CEDE se déroule à La Corogne, sous la présidence d’Isidro Fainé. José María Álvarez-Pallete, président de Telefónica, et d’autres personnalités de premier plan, comme Ángel Simón, directeur général de Criteria (le bras financier de la Fondation La Caixa), sont également présents.

Bien qu’informé tardivement de l’entrée de STC au capital de Telefónica, Álvarez-Pallete ne considère pas cette initiative comme négative, y voyant une opportunité stratégique pour l’entreprise. Simón a pour sa part qualifié l’implication de La Caixa dans Telefónica de « stratégique » et orientée « sur le très long terme », la fondation contrôlant également 10 % du capital.

Cette opération reflète l’importance croissante des investissements étrangers dans des secteurs stratégiques européens, tout en soulignant la nécessité pour les gouvernements de veiller à l’équilibre entre ouverture économique et souveraineté nationale